Concevoir des espaces pour tous les cerveaux : architecture intérieure et neurodiversité.

Dans le design comme dans la société, la norme a longtemps dominé. On pensait l’espace pour une personne “type” : mobile, concentrée, sociable, à l’aise avec la stimulation, les transitions, les codes. Mais cette vision ne reflète pas la réalité.

Dans le design comme dans la société, la norme a longtemps dominé.
On pensait l’espace pour une personne “type” : mobile, concentrée, sociable, à l’aise avec la stimulation, les transitions, les codes.

Mais cette vision ne reflète pas la réalité.

Aujourd’hui, on reconnaît de plus en plus la neurodiversité : une manière de penser le fonctionnement du cerveau comme un spectre, et non comme une ligne droite.
Autisme, TDAH, dyslexie, hypersensibilité sensorielle… Ces différences cognitives ne sont pas des “troubles” à corriger, mais des fonctionnements à prendre en compte.

Et en tant qu’architecte d’intérieur, je crois que notre rôle est de concevoir des espaces inclusifs, sûrs et apaisants pour tous les profils neurocognitifs.

Qu’est-ce que le design neuro-inclusif ?

 

C’est une approche de l’aménagement qui anticipe les besoins sensoriels, cognitifs et émotionnels de personnes neurodivergentes, sans attendre qu’elles aient à le demander.

Un espace neuro-inclusif :

  • réduit la surcharge sensorielle,

  • rend les parcours lisibles et logiques,

  • respecte les rythmes individuels,

  • et offre des zones de repli ou de recentrage, sans stigmatiser.

Ce n’est pas un “design spécial”. C’est un design plus intelligent, plus doux, plus accueillant pour tous.

Pourquoi c’est important — et pour qui ?

Cette approche concerne de plus en plus de lieux :

  • Bureaux (où les open-spaces peuvent être violents pour certains profils)

  • Écoles, crèches, bibliothèques

  • Lieux d’accueil public : administration, musées, cliniques

  • Logements familiaux : pour enfants ou adultes autistes, TDAH ou hypersensibles

  • Commerces et restaurants : où le bruit, les contrastes et la foule peuvent désorienter

Selon les études, 15 à 20 % de la population mondiale est neurodivergente.
Et de nombreuses autres personnes (personnes âgées, anxieuses, fatiguées, avec des troubles passagers…) bénéficient elles aussi de ces environnements plus sereins.

Concrètement : les principes d’un espace neuro-inclusif

Voici les axes que je prends en compte dans mes projets :

1. Lumière : douce, modulable, non agressive

  • Éviter les LED froides, les néons, les reflets sur les surfaces brillantes

  • Privilégier la lumière naturelle filtrée, les teintes chaudes, les éclairages indirects

  • Prévoir des variateurs ou différents scénarios lumineux

  • Anticiper les transitions (de l’ombre à la lumière, de l’intérieur à l’extérieur)

Exemple : dans un bureau partagé, j’ai intégré des appliques orientables sur chaque poste pour que chacun puisse adapter son confort visuel.

2. Acoustique : réduire les agressions sonores

  • Isoler les zones calmes des zones de passage

  • Intégrer des panneaux absorbants, tapis, rideaux épais

  • Éviter les effets de réverbération ou les musiques en boucle

  • Offrir des zones silencieuses accessibles à tous

Dans une salle de réunion ouverte sur un hall, j’ai travaillé avec des panneaux muraux textiles pour absorber les sons tout en ajoutant une touche décorative douce.

3. Clarté des parcours : orientation facile et prévisible

  • Éviter les couloirs labyrinthiques ou les changements brutaux de style

  • Créer des repères visuels (couleurs, matériaux, rythmes)

  • Intégrer une signalétique cohérente et bien positionnée

  • Rendre visibles les “espaces de pause” ou “refuge”

Dans une médiathèque, j’ai utilisé une teinte bleu profond pour signaler toutes les zones de repos : fauteuils, alcôves, coins lecture — visibles dès l’entrée.

4. Gestion des stimulations : doser sans surcharger

  • Éviter les motifs trop vifs ou les contrastes violents

  • Travailler des palettes apaisantes, naturelles, modulées

  • Laisser des murs “neutres” ou respirants

  • Préférer des matériaux agréables au toucher et au regard

Dans un espace enfant, j’ai alterné des zones ludiques plus colorées avec des recoins calmes, au sol moelleux et aux murs doux, pour permettre à chacun de choisir son ambiance.

5. Zones de repli / autorégulation

  • Créer des coins où se recentrer sans être “exclu”

  • Prévoir des espaces semi-fermés, assises individuelles, nooks

  • Offrir des éléments apaisants (textures, coussins, couvertures, plantes, etc.)

Dans un foyer d’accueil, j’ai conçu une alcôve avec rideau, tapis et lumière tamisée, pensée comme une “pause sensorielle” pour les résidents qui en avaient besoin.

Un design plus humain, pour tout le monde

Le design inclusif n’est pas un “bonus” ou un “geste”.
C’est une démarche qui rend l’espace plus juste, plus apaisé, plus accessible à tous — sans jamais sacrifier l’esthétique.

Et c’est cette conviction qui guide ma pratique :

Concevoir des lieux qui respectent les différences, soutiennent les besoins réels, et permettent à chacun de se sentir en sécurité — sans jamais avoir à demander.

Si vous êtes responsable d’un lieu public, d’un espace de travail, ou si vous souhaitez adapter votre logement pour un proche, le design peut être un allié précieux.

Et si on repensait l’espace comme un lieu de soin — pas seulement de style ?

Contactez-moi pour réfléchir ensemble à des solutions sensibles, pratiques et belles.
Je vous accompagne dans la création de lieux plus inclusifs, plus calmes, plus vrais.

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